Avec Zoé à l’atelier en 4ème année on est juste en face (année scolaire 2023-2024). En haut de sa cimaise des sculptures de télévision anthropomorphique qu’elle a réalisé en carton, papier mâché, et autre bricole pour faire une affiche. Suspendues de grandes sérigraphies réalisée lors d’un stage à Marseille, la première fois que je les ai vues j’ai été vraiment impressionnée par les mélanges de couleur et la précision des formes. Accrochées au-dessus de son bureau des lunettes de piscine, autel improvisé pour ces objets glanés. Posée sur sa table une sculpture en latex de Pipou, son ours polaire qui apprend à surfer, et sur le mur elle a mis un calendrier (qui a disparu au profit de ses productions au cours de l’année). Ce planning, comme si elle n’avait pas envie de perdre du temps, certainement aussi des restes de la pédagogie Freinet, « une sorte de pédagogie alternative, Montessori pour les plus grands » qu’elle a connu au collège, trouver un cadre, une organisation dans un système plutôt libre, où il faut être acteur de son apprentissage.
Avant d’arriver en Bretagne, Zoé a vécu longtemps près de la mer Méditerranée. Originaire de Lyon, Zoé emménage à La Ciotat à 6 ans et y reste jusqu’au lycée. Après un retour vers Lyon pour une remise à niveau en arts appliqués, elle entre en DN MADE graphisme à Marseille, mention édition, narration et interactivité. Elle débarque à Lorient après une expérience de stage à Biarritz en tant que graphiste au siège européen de Surfrider.
Biarritz, le surf.
Le surf c’est un sujet qui traverse l’univers et la pratique artistique de Zoé. Elle découvre le surf au collège, et s’équipe comme elle peut avec les moyens du bord, ses parents n’étant pas du tout familiers avec ce milieu. Elle commence ensuite à faire les saisons sur la côte océanique, vers Biarritz et dans les Landes, acceptant des petits boulots ingrats en contrepartie de pouvoir profiter des vagues. Comme elle en avait un peu marre des boulots peu gratifiants, elle a décidé de suivre des entraînements pour devenir sauveteuse.
La glisse s’immisce dans sa pratique artistique dès son DN MADE où elle crée un objet imprimé autour de l’univers du surf, mélange d’entretiens et de faits scientifiques, il fallait que l’objet soit « utile ». Pipou, son ours polaire apparaît. En arrivant à Lorient, Zoé avait envie de plus de liberté pour son personnage, « qu’il puisse devenir autre chose ». Grâce et avec Pipou, elle partage son regard sur l’univers du surf. C’est le regard d’une personne qui a dû analyser et apprendre les codes d’un milieu. Un ours polaire n’a normalement rien à faire sur une planche de surf. Pour son travail, de mémoire, elle réalise une enquête autour de ce milieu. Elle questionne des surfeurs aguerris sur l’industrie, les relations sociales, les codes sociaux formels et informels…
Même avec les années, Zoé a du mal à se considérer comme une surfeuse, je pense qu’elle peut largement assumer ce titre, elle n’a peut-être seulement pas envie d’être associé aux codes qu’elle décrit et caricature dans son travail.
Après Lorient, elle aurait envie de poursuivre ces études et approfondir son sujet tout en continuant sa pratique de graphiste et illustratrice.