Je me suis entretenue avec Margaux, ancienne étudiante en cinéma, qui a travaillé comme saisonnière dans une usine de fabrication de gâteaux dans le Morbihan. Elle me raconte son parcours et les impressions qu’elle garde de cette expérience.

Voici ici, un portrait de Margaux réalisé à partir de ses couleurs.

Peux-tu te présenter brièvement ?

Je m’appelle Margaux, je viens du Morbihan et je vis à Auray. J’ai fait des études à Rennes de cinéma et d’audiovisuel, un milieu qui me passionne depuis petite. Je ne travaille pas pour l’instant, mais je viens de trouver un emploi dans un hôpital où je vais préparer des plateaux repas pour les résidents. Cet emploi me permet de mettre de l’argent de côté, afin de créer mon projet, celui de devenir vidéaste professionnelle et voyager pour mon travail. Sinon, j’ai travaillé à La Trinitaine, c’est une usine d’agroalimentaire qui fait des gâteaux bretons, des sablés, etc.

Peux tu me parler de ta dernière expérience dans cette usine ?

J’ai travaillé à la Trinitaine en intérim. J’y effectuais des missions d’une à deux semaines. En tout, j’ai dû travailler deux ou trois mois. La plupart du temps, je faisais de la manutention. Après, ça dépend. J’ai travaillé dans deux sections différentes de cette usine : les « produits secs » et les « pâtes jaunes ».
Les « produits secs », c’est tout ce qui est gâteau sablé et « les pâtes jaunes », c’est tout ce qui est quatre-quarts, moelleux, et petits gâteaux.

Quelles sont les conditions de travail dans l’entreprise ?

Dans la section des biscuits secs, je devais mettre des gâteaux sur le tapis et les disposer dans des petites barquettes qui allaient ensuite être filmées. 
C’était le travail le plus difficile. Si on travaillait mal, ou trop lentement, on nous réprimandait. Il y avait des gens qui nous surveillaient. Il ne fallait pas qu’il y ait de pertes, donc mes collègues étaient obligés de travailler deux fois plus vite si je n’arrivais pas à tenir la cadence. 
Le tapis défilait devant mes yeux, en fin de journée, j’étais très fatiguée. Parfois, je travaillais de 9h à 17h, mais il y avait aussi les horaires en 2x8h. C’est-à-dire du 5h-13h ou du 13h-21h… j’ai tout fait.

Dans la section des pâtes jaunes, je prenais les quatre-quarts et je les mettais dans un carton. Il fallait un nombre et des gestes précis pour chaque boîte. On passait le carton dans la scotcheuse, puis terminé.

Une partie de l’équipe s’occupait du remplissage des cartons et l’autre les mettait sur la palette. On essayait de « faire tourner les postes » pour casser la routine. Ce qui n’était pas le cas aux biscuits secs par exemple. C’était un secteur un peu plus « cool », je dirais. On avait un peu plus de temps pour échanger, il y avait un peu moins de bruit et l’équipe était sympathique.

Y a-t-il eu des conséquences sur ta santé, physique ou mentale ? 

Je devenais un peu folle à force de voir le tapis défiler. J’avais mal au dos, aux pieds et aux genoux. Surtout avant que je perde du poids. C’était difficile au début, et puis je me suis musclé le dos avec la piscine, et j’ai perdu du poids, donc c’était moins pénible. J’imagine que ceux qui n’avaient pas la même forme physique que moi devaient souffrir. 

Quand tu te fais sermonner parce que tu ne gardes pas le rythme, alors que tu viens d’arriver, c’est très désagréable aussi ! Je me suis sentie nulle. Je mangeais toute seule aussi au début. Puis quand je suis arrivée aux pâtes jaunes, ça a changé, car il y avait d’autres personnes avec moi en pause.

Margaux m’a donné 5 couleurs pour le nuancier de son environnement de travail. Le bleu du tapis roulant, l’ocre des cartons, le rouge pour la couleur de l’entreprise, du blanc pour les blouses et la typographie du logo, et un orange pour le sol de l’usine qui lui rappelle un coucher de soleil.