Ce matin, comme chaque matin, les éboueurs sont passés dans les rues. Ils sont venus pour la collecte. Celle des déchets jetés à l’aveugle, dont on ne sait réellement ce qu’il advient. On nous parle de recyclage, mais le taux de valorisation matière est de 66 %1, c’est-à-dire que 66 % des déchets ménagers sont recyclés ou remblayés. Cette collecte, telle qu’on nous la présente, n’est parfois pas une réussite.

Alors que nous vivons une crise écologique et environnementale, tous les déchets ne devraient-ils pas être recyclés ou réemployés ? Ne pourrions-nous pas récupérer, échanger nos biens lorsque nous souhaitons nous en débarrasser ? À l’instar des chiffonniers avant la célèbre invention du préfet Poubelle en 1884.

Aujourd’hui, tout est régi par des lois, comme le raconte Agnès Varda dans Les Glaneurs et la Glaneuse : récupérer sur une propriété privée des biens voués à être détruits est répréhensible juridiquement. Pourtant, les animaux nous le montrent bien, ils cueillent, récoltent, ramassent ou accumulent ce qui leur est strictement nécessaire pour se nourrir et se loger. Les animaux étant dans une collecte nécessaire, nous autres humains avons appris à collecter par plaisir ou par compulsion. Nous collectons, à tout âge, à tout moment, des formes matérielles ou immatérielles et donnons de l’importance et/ou de la visibilité à des objets atypiques, dès lors qu’ils sont réunis à des fins diverses. Dans le domaine de la création, cette question d’accumulation et de réemploi peut également se poser. Ne pouvons-nous pas créer à partir de matière existante ou préexistante, commune ou personnelle ?

Les cabinets de curiosités, les bibliothèques, les musées, les galeries et Internet rassemblent des collections publiques ou privées. Ces espaces sont des sources d’inspiration et de création. Cependant Internet offre une diversité de contenus et questionne la mise en commun et le libre accès aux connaissances, par des textes, des images, des documents, des vidéos… Ici, la collecte semble effacer toute propriété et notions de privatisation.

L’intelligence artificielle fait aujourd’hui ressurgir toutes ces questions. Elle se sert dans les images, textes, vidéos et sons accessibles librement sur Internet, la propriété intellectuelle revient alors aux utilisateur.ices et non pas aux créateur.ices des contenus originaux.

1 66 % correspond aux déchets tout confondus recyclés en 2018 en France.
« Le traitement des déchets » https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/economie/les-dechets-ressources/article/le-traitement-des-dechets#Le-traitement-des-dechets-par-categorie – site internet consulté en février 2024.

Cliquez sur les images pour découvrir les collectes :

Edouard Edy
Rémi Fradin
Zoé Gibaud
Lou-Anne Oléron
Emma Salaun-Brugel