Probablement portée par l’esprit aventurier de Don Quichotte, un compatriote maternel de la Mancha, Laura Lejuez aime explorer le monde en quête de paysages. Baladée entre le Pech d’André où vivaient et travaillaient ses grands-parents, ses Bretagne et Normandie paternelles, l’environnement sylvestre près de Limoges où elle a grandi, le sud-ouest, Toulouse, l’Angleterre puis Paris et désormais Lorient, les racines de Laura sont multiples.

« Je suis perdue quand on me demande d’où je viens, car pour moi, c’est tout ça en même temps, comme une grande carte. »

Laura flâne entre les tableaux que lui propose la vie, elle s’en nourrit pour tisser sa toile. Ses sources d’inspiration sont les paysages, les lieux, les grandes villes, les histoires, l’exil, le langage, les autres vies : rêvées, passées ou imaginaires. Même les références de Laura sont des espaces visuels qui invitent à la déambulation. Que ce soit dans l’identité forte des films de Jacques Tati, les récits de Romain Gary, les paysages de Tarkovski, les peintures d’Etel Adnan.

C’est aussi dans les portraits récités d’autres personnes, comme on peut en entendre dans le podcast « Les pieds sur terre », que Laura se complaît.

En 2015, elle reçoit son premier appareil photo, avec lequel elle capturera tout ce qu’elle trouve intéressant. Peut-être que cet objet fût un léger élément déclencheur à son goût pour le documentaire et le journalisme. Cependant, ce domaine reste, pour elle, très négatif. Elle s’informe beaucoup : Le Monde, Blast ou Twitter, mais les sujets d’actualité l’affectent fortement. Les formes documentaires l’inspirent davantage, notamment ceux qui portent sur ce qu’il se passe sur les îles dont Lesbos en Grèce. Sans idéaliser les sujets qu’elle aborde, elle désire apporter une certaine poésie à ses sujets. Laura souhaite prendre le temps d’écouter, de regarder, de comprendre, et d’être juste dans sa production. Elle s’alarme et s’interroge sur la société de l’instantané qui nous cerne et risque de nous rendre insensibles.

« J’ai été marquée par les récits de la vie quotidienne de ma grand-mère, pendant la Guerre, qui a toujours beaucoup de détails et d’anecdotes à me raconter qui me permettent de constituer une fresque intime, mais qui pourrait résonner pour d’autres. En quelque sorte, comme une immersion dans les interstices historiques. »