Etelle est étudiante aux Beaux-Arts de Lorient en mention Arts Visuels pour le
Journalisme. Avant d’être beauzardeuse, Etelle a fait des études dans l’agriculture.
Elle a également été postière. Cela a son importance quand on se penche sur sa
pratique artistique, croyez-moi.
Etelle travaille le dessin, la photographie et la céramique. Ses projets prennent
des formes aussi diverses que la BD, la sculpture où l’installation photographique. Ses
liens avec la partie journalistique de ses études sont assez flagrants. Des enquêtes,
des points de vue du réel, un attachement à la réalité tangible d’un quotidien sans
frasques ni sensationnels. Voilà un peu des outils à partir desquels ses œuvres
prennent formes.
Les domaines qu’elle aborde peuvent paraître anodins, pauvres comme matériel
artistique car dénués de qualités esthétiques. Paraître oui, mais qu’en est-il vraiment ?
N’y a t-il pas une beauté délicate dans ses sculptures de pains aux raisins dont
les discrètes empreintes des ouvrières de l’ombre sont relevées à l’émail d’un bleu
outremer ? Car oui, j’ai oublié de vous le dire, quand Etelle ne dessine ni ne
photographie ni ne sculpte, elle travaille à la chaîne dans une usine de pâtisseries.
L’enquête qu’elle y mène fait partie intégrante de sa vie. Tout en scrutant le tapis
roulant de pâtes prêtes à cuire, c’est tout une part de notre industrie qu’elle analyse
et décortique ensuite en dessinant, photographiant et sculptant. Cette implication
personnelle se sent dans la manière dont elle aborde le sujet. On perçoit l’humain
derrière cette apparente absence de corps. Encore plus quand on sait que ce sont
les vraies empreintes des ouvrières et les siennes, apposées dans ce médium si
corporel qu’est la céramique.
Etelle est impliquée et définitivement ancrée dans ses préoccupations
artistiques.

« J’adore les vaches, je les trouve attachantes »
Le terrain de l’agroalimentaire qu’elle s’approprie dans sa pratique lui vient d’un
goût personnel pour ce milieu. L’amour pour les animaux et les personnes qui sont peu
souvent mis sur le devant de la scène. Elle garde un lien direct très fort avec la terre.
Terre cultivée, labourée, aménagée qui, transposée dans le domaines des arts
plastiques, se retrouve sous la forme d’argile qu’elle pétrit et modèle comme de la pâte
à cuire.
Avec Etelle, on plonge dans un univers si proche et pourtant si lointain à la fois.
Sans pour autant faire sauter les McDo, elle met en lumière des zones d’ombres de
l’industrie alimentaire. Témoignage sans colère de l’envers d’un décor peu connu.
Sans colère oui, mais loin d’être sans interrogation. Son mémoire intitulé En quête d’une
alimentation respectueuse
va plus loin qu’un simple constat. Il donne des pistes pour
un faire autrement, des solutions peut-être, autant pour la Terre que pour ceux qui
travaillent à nourrir le monde.